Le
portage répond tout d’abord à un besoin économique et pratique :
comment libérer les mains de la mère tout en répondant aux besoins
essentiels du nourrisson…
« En
conclusion, je voudrais donc dire que le portage des enfants relève à
la fois de la nécessité de faire face à un contexte économique local
défavorisé (peu ou pas de routes, trottoirs inexistants, rendant
illusoire de faire rouler une poussette, sans parler de son prix) et
d'une conception de la relation mère-enfant nécessairement autre,
propre à la culture africaine ... » Bruno SAUTERON- le portage des bébés au Burundi (Afrique de l'est).
N’en déplaisent à ceux qui ne voient dans le portage qu’une manifestation d’un souci de maternage parfois considéré comme « instinctif » dans les sociétés traditionnelles, c’est une problématique économique – celle du travail des femmes- qui en est le plus souvent l’origine. Ainsi, au Mali, les bébés Bambaras sont portés sur le dos environ 40% du temps de la journée à deux mois. Mais on observe que cette fréquence et même le portage en lui-même diminue très fortement lorsque la maman ne travaille pas.
Cela n’enlève rien à ses bienfaits, et pour l’enfant et pour le porteur. Seulement, la théorisation des bienfaits du peau à peau, des besoins de contacts du bébé et du jeune enfant n’est simplement venue qu'après.
Pour répondre à un besoin essentiel du bébé : l’homme est un primate porteur et porté !
Aux débuts de l’homme, alors qu’il était encore semi-nomade, le portage était une question de survie pour les tout petits.
Il était en effet bien trop dangereux pour le nourrisson d’être posé,
en raison de nombreux dangers : prédateurs, froid, chaleur, insectes…
Avec la sédentarisation, il est devenu possible de poser les bébés sans danger. Cependant, tout se passe comme si le nouveau-né gardait la mémoire de ces dangers ancestraux : le nourrisson qui crie et pleure lorsqu’il quitte les bras de ses parents ne fait rien d’autre qu’appeler au secours afin qu’on le mette à l’abri. Le réflexe d’agrippement du nouveau-né (main qui serre, jambes qui se replient sous lui) n’est rien d’autre que la mémoire de la position idéale pour s’agripper à la fourrure de la mère! La biologie du comportement classe d’ailleurs l’Homme dans la catégorie des « primates porteurs (ou portés) actifs ».
En portant bébé, on répondrait donc à l’un de ses besoins essentiels.
Cette notion de protection du tout petit est d’ailleurs prégnante dans les croyances et pratiques liées au portage. Ainsi, « Les mères mossis, lorsqu'elles se promènent en brousse, prennent bien garde de ne jamais poser leur bébé au sol, car les mauvais génies pourraient bien subtiliser l'enfant et le remplacer par un faux qui, dès son retour au village, tomberait malade »[1].Au Yémen ou en Arabie, le porte-bébé est fabriqué en peau (chèvre ou mouton) et souvent frotté de safran ou de curcuma dont l'odeur doit protéger le tout-petit (et l'habitue en outre à l'univers olfactif dans lequel il va vivre).
[1]Bébés du Monde, B. Fontanel et C. d’Harcourt, Editions de la Martinière.
Petit aperçu des bienfaits du portage
Les bienfaits du portage sont nombreux. Son étude dans des
pays de forte tradition de portage le démontre , comme en Ouganda, par
exemple, où des études ont montré que « les bébés portés en position verticale marchent plus tôt et ont un
développement plus rapide dans d'autres domaines. Cette position élevée élargit
le champ visuel du bébé et l'aide à développer les muscles de son dos et de son
cou. Ainsi portés toute la journée, les bébés ougandais se familiarisent avec
le monde qu'ils contemplent de haut. Les enfants tenus de cette façon sont plus
calmes ; les études montrent qu'ils pleurent moins souvent que les bébés qui ne
sont pas portés régulièrement ». (Les
bienfaits du toucher de Tiffany Field).
Pour résumer, parmi les bienfaits du portage, on peut mettre
en évidence :
Son impact sur le bien-être et le développement psychiques
de l’enfant :
Le portage permet une stimulation continue et en douceur de
l'enfant qui est rassuré par la proximité physique et participe aux activités
du porteur. Il peut ainsi découvrir son environnement et les relations
sociales avec un sentiment de sécurité.
Le contact physique et le fait de ne pas laisser le bébé
seul a un effet apaisant sur le nouveau-né. Les pleurs du soir, notamment, sont bien
souvent calmés par le portage : bébé est rassuré par l’odeur, la voix, les battements du cœur et les mouvements de sa mère ou de son père.
N’ayez pas peur de rendre votre enfant trop
« capricieux » ou « collé » à vous en le portant à la
demande. Au contraire, rassuré sur votre présence au cours des premiers mois de
sa vie, il saura plus facilement se détacher, sûr que vous êtes là pour lui. On parle ainsi en pédopsychologie d’un sentiment de « sécurité de base », comme un
socle solide sur lequel l’enfant va se construire.
Son effet positif sur la relation parents-enfant :
Pour les mamans, il semble que le portage contribue à
réduire les risques de dépression du post-partum.
En effet, bébé est intégré dans la vie quotidienne
et les tâches habituelles de la famille, la mère se trouve plus libre
de ses mouvements. En outre le portage apparaît souvent comme un «prolongement
naturel » de la grossesse (le principe du continuum).
La présence sur soi du bébé faciliterait la stimulation
hypophysaire favorable à l’allaitement.
La
proximité physique aide au
développement de l'attachement entre le porteur et l'enfant. Notamment
les papas connaissent à travers le portage un contact physique
privilégié avec leur enfant.
Son apport au bien-être et au
développement physiques du bébé :
Porté au plus près du corps, le
bébé est placé dans des conditions de température idéales et constantes de 37°
environ, quelles que soient les conditions extérieures (attention, d’ailleurs,
à ne pas trop couvrir un nouveau né porté en écharpe, l’hiver !). Ceci est
particulièrement précieux pour le nouveau-né qui n’est pas encore capable de
réguler sa température
Le portage physiologique permet le respect de la cambrure naturelle de la colonne vertébrale de l'enfant et donc son bon
développement.
Il stimule la tonicité musculaire.
Certains modes de portage permettraient aussi de lutter
contre la dysplasie de la hanche chez le nouveau-né.
Le portage facilite la digestion et diminue les coliques par
les massages qu’il procure.
Le portage aide également à la maturation du bébé, qu’il
soit né à terme ou prématuré. Les unités Kangourou pour les prématurés
utilisent d’ailleurs le portage Kangourou et plus généralement le peau à peau
pour la maturation des bébés tout en favorisant le développement du lien
parent-enfant.
Et bien entendu son aspect pratique :
un encombrement minimal lors des déplacements (utile
notamment dans les transports en commun ou lorsque bébé commence à
marcher : un porte-bébé comme le BB-Tai ou un sling, très peu encombrant,
est facile à avoir sur soi en cas de fatigue)
le portage en écharpe est idéal pour placer confortablement
le bébé pour l’allaitement (la leche league a d’ailleurs été l’un des
principaux promoteurs de l’écharpe en Occident). Elle permet d'allaiter en
toute discrétion en tout lieu.
le portage est « tout terrain » dans les villes
pas toujours pensées pour les poussettes, dans le sable, les escaliers, la
neige, les sentiers…
la libération des bras du porteur qui peut ainsi vaquer à
ses occupations tout en répondant aux besoins de son bébé
confortablement installé, bébé peut dormir partout, en toute
circonstance. Vous pouvez ainsi respecter son rythme sans pour autant vous
bloquer à la maison